Costantino Creton vient d’être nommé directeur de la recherche de l’ESPCI, prenant la relève de Rémi Carminati. Ce chercheur en science des matériaux d’origine suisse confie d’ailleurs être « arrivé à l’ESPCI par hasard, mais n’y être pas resté par hasard ! Aujourd’hui il n’y a pas d’autre endroit en France où je préfèrerais mener mes recherches. »
D’abord le nouveau directeur de la recherche confirme qu’il se place dans la continuité de son prédécesseur. « Pour moi, il faut continuer à recruter des chercheurs et enseignants de haut niveau, ce qui rejaillit forcément sur l’enseignement et la renommée de l’école. » Dans l’idée de former les grands chercheurs de demain, il souhaite poursuivre le chantier de modernisation de la politique de recrutement doctoral : « Le programme Cofund, mis en place notamment grâce à Rémi Carminati, est une excellente vitrine de ce qu’il est possible de faire. Nous sommes une école attractive en plein centre de Paris. » Attractive, et également accompagnatrice pour les jeunes talents, un des autres leviers sur lequel le nouveau directeur espère bien jouer : « nous devons identifier et accompagner les jeunes talents pour qu’ils deviennent les piliers de nos laboratoires ».
Autre point essentiel pour lui, le positionnement de l’ESPCI au sein de l’université PSL : « L’école est très singulière par son caractère interdisciplinaire et sa recherche où sciences fondamentales et appliquées se côtoient et sont intimement liées. Il faudra conserver notre identité pour continuer à recruter de bons étudiants et garder un environnement de recherche stimulant et dynamique ». L’environnement PSL est aussi l’occasion de travailler plus en synergie avec d’autres équipes dans des domaines moins présents à l’école comme les mathématiques ou le Big Data.
Lui-même à cheval entre recherche fondamentale et applications industrielles, le scientifique souhaite soutenir les deux : renforcer encore les échanges avec l’industrie pour financer des projets et chaires à l’école, mais également développer le mécénat à travers le Fonds ESPCI pour que les sujets plus fondamentaux et les équipes émergentes puissent bénéficier de contrats doctoraux soutenus par l’École
« Les étudiants sont le ciment de l’école »
Costantino Creton est surtout désireux de « rendre à la communauté un peu de ce qu’elle lui a donné ». Quand on lui demande ce qui génère et entretient le sentiment d’appartenance à l’ESPCI, il a deux réponses : « En plus de l’exceptionnelle vitalité scientifique de l’École, la structure est extrêmement agile, et le soutien personnalisé apporté aux chercheurs par les différents services de l’école a pris de l’ampleur ces dernières années. D’autre part, les élèves sont le réel ciment de l’établissement : ils discutent avec les chercheurs de tous les laboratoires, en cours, en TP, pendant leurs stages et souvent ensuite en thèse de doctorat… C’est très différent des autres écoles où enseignement et recherche sont souvent plus cloisonnés. Cela rend l’ESPCI unique. »
Biographie :
Ingénieur en science des matériaux diplômé de l’École polytechnique fédérale de Lausanne en 1985, il obtient son doctorat dans le département de science et génie des matériaux de l’université de Cornell (États-Unis) en 1991. À l’issue d’un post-doctorat au centre de recherche IBM d’Almaden (Californie), il arrive en France en 1993 où il rejoint le laboratoire de physico-chimie structurale et macromoléculaire de l’ESPCI Paris et devient chargé de recherche CNRS en 1994. Il ne quittera plus le laboratoire, qui changera de nom plusieurs fois jusqu’à devenir l’actuel laboratoire Sciences et ingénierie de la matière molle (SIMM).
Il y développe progressivement ses activités dans le domaine des polymères, des adhésifs, de la fracture et des matériaux souples. Il anime depuis 2009 les activités de l’équipe Soft Polymer Networks. Les activités de l’équipe portent essentiellement sur l’adhésion et la déformation des polymères. Ses recherches lui permettent de développer de nombreux contacts au-delà des frontières, ce qui lui vaut de gérer les relations internationales de l’école de 2008 à 2013. En 2015, il est lauréat d’uneERC Advanced Grant pour ses recherches sur la fracture des élastomères.